Charles Kloboukoff, éclaireur du commerce - Pépites Vertes x IdC - Episode 3

L'Institut du Commerce, en partenariat avec les Pépites Vertes, vous propose à travers une série d'interviews publiées sur LinkedIn de découvrir les parcours, engagements et leviers de transformation des adhérents de l'association : "Les éclaireurs du commerce". 

"Quand la conscience s'éveille, on ne peut plus faire marche arrière"

Si vous ne le connaissez pas encore, sachez qu’on ne sort pas indemne d’une heure d’interview avec Charles Kloboukoff… Préparez-vous pour un petit shot d’énergie en barre (bio et locale, bien sûr). 😇

Président-fondateur de Compagnie Léa Nature, il crée en 1993 la première entreprise du groupe – qui en compte aujourd’hui 25 – avec la volonté initiale de vouloir préserver la santé des consommateurs par les plantes et les ingrédients naturels. 32 ans plus tard, Léa Nature rassemble tout un écosystème de structures sur l’ensemble de la chaîne de valeur : c’est un véritable « village bio » de PME françaises et européennes qui s’est construit autour de la vision de cet irréductible gaulois défenseur d’un business éthique et durable. 

Leur mission ? « Proposer au plus grand nombre une alimentation saine, une cosmétique durable, à travers une offre bio et naturelle ». Parmi les marques que vous pourriez avoir croisé en rayon ? Jardin Bio étic pour l’alimentation, So Bio étic pour les cosmétiques, Ma Ruche Bio pour le miel… Si le groupe s’est élargi en gamme année après année, ce qui frappe lorsqu'on écoute Charles parler, c’est la constance des valeurs qui s’incarnent par le business depuis le début : environnement, santé, et pérennité économique. Un équilibre de petit chimiste qui s’est construit dans le temps autour d’une structuration organisationnelle... plutôt innovante !  

Construire un autre modèle, de A à Z

Pour imaginer le fonctionnement du collectif de marques, l’image du « village de PME bio » facilite la compréhension du système. D’un côté de la rue, il y aurait les agriculteurs et les apiculteurs. De l’autre, les fabricants. Au carrefour du village ? Les équipes « support » dans une tour de contrôle de plain pied ouverte à tous  – bien loin d’une tour d’Ivoire. Le tout complété, bien sûr, d’un lotissement de maisons partagées pour se réunir par communautés métiers afin de décloisonner les sujets et croiser les angles de vue. Et si mon analogie poétique ne vous inspire pas… Vous trouverez ici une présentation un peu plus terre à terre de l’organigramme des marques. 😂

L’objectif de ce regroupement ? Optimiser les processus qui peuvent se partager, faire des économies d’échelle et augmenter la force de frappe, c’est s’assurer d’être collectivement plus forts sans pour autant se standardiser. Pour que la coopération fonctionne, Charles Kloboukoff y tient, il faut s’assurer que chaque partie prenante puisse garder sa singularité, son patrimoine et son histoire.

« On invente notre propre modèle, aligné avec nos valeurs, les besoins des entreprises, et les enjeux du marché. Il faut avoir en tête que même si on a trouvé notre équilibre aujourd’hui, ça reste perfectible, on peut toujours s’améliorer. Sur la gouvernance, par exemple, nous avions construit une pyramide trop élevée, démultiplié les organes… nous sommes revenus en arrière pour s’harmoniser sur 4 à 5 niveaux hiérarchiques maximum. »

Faire du business pour faire du bien : une société militante

Demandez au dirigeant s’il considère son projet « politique » (je l’ai personnellement fait en pleine crise sur la loi Duplomb), il n’aura aucun souci à vous répondre qu’il est même « militant ». Réduction plastique fossile à hauteur de 80%, chasse aux perturbateurs endocriniens, développement des énergies renouvelables, encouragement du développement des sols bios, soutien aux associations, aux lanceurs d’alerte et aux mouvements sociaux via la fondation et le 1% for the planet… Au-delà du goût - ingrédient indispensable dans la recette d’un produit qui se vend, il y a la volonté de proposer du plaisir conscient, responsable dans une démarche holistique. Le tout, avec un but ultime bien explicite : « influencer la société ».

Car au-delà de son modèle coopératif, Léa Nature fait de la répartition des richesses un véritable projet de société. Créé en 2021, le fonds de dotation actionnaire FICUS détient indirectement déjà 7,2 % du capital, première étape d’une transmission progressive de l’entreprise vers le fonds d’intérêt général. « Notre projet porte une cause morale, qui dépasse la seule logique économique. Pourquoi le fruit d’un travail collectif devrait-il revenir automatiquement à mes enfants ? » interroge le président-fondateur.

Dans cette vision, la famille reste pourtant au cœur de l’aventure. À la co-création du fonds FICUS, Emma Kloboukoff, fille du fondateur, diplômée de Sciences Po Toulouse qui incarne une nouvelle génération engagée : non pas héritière au sens patrimonial, mais bien contributrice du changement  dans la lignée de son père et de sa vision, chargée de développer des initiatives au service du bien commun. Un exemple inspirant qui illustre une implication familiale qui privilégie la responsabilité à la simple succession.

Le commerce au service d’une société durable

Léa Nature, on le comprend, c’est un moyen d’impacter le monde par l’encouragement de la production et la consommation de produits plus durables. C’est un modèle de compagnie « vivante » à l’écoute des besoins du sol, de la santé des humains et du modèle de consommation français. C’est une manière de faire du commerce autrement, tout en s’intégrant dans un système économique traditionnel... Et c’est notamment là que les discussions à l’Institut du Commerce prennent tout leur sens. 

« Être membre de l'Institut du Commerce, c’est avoir accès à des discussions qui dépassent le clivage. Prospective, enjeux de transformation, nouvelles tendances conso telles que la dématérialisation, le drive… Ça aide à rester pertinent de dialoguer entre pairs autour de ces sujets qui concernent l’avenir du commerce. » nous explique le dirigeant.

À la clôture de cette discussion qui donne de l’énergie en barre (bio), j’ai eu envie de lui demander où est-ce qu’il puisait son inspiration. « Pour commencer, il faut savoir que quand la conscience s'éveille, on ne peut plus faire marche arrière. Ensuite, ce qui me motive à chaque instant, ce sont les rencontres. Les idées des autres, les parcours audacieux tels que ceux d’Yvon Chouinard ou Yann Arthus Bertrand. Je suis inspiré par les autres, par une envie de passer le témoin. ».

Bref, Charles Kloboukoff est de ceux qui ont la fâcheuse tendance à donner espoir en l’humanité et, dans un moment de chaos médiatique, comme celui que l’on vit, c’est inadmissible ! Par ses actions et l’ambition portée à l’échelle, il nous prouve que c’est possible de faire autrement, et ça fait du bien. Alors, au boulot !

Episode 1 avec Gaëlle Le Floch

Episode 2 avec Sylvain Ferry


Cet article vous a inspiré ? Il est une invitation à rejoindre l’Institut du Commerce pour s’entraider, innover en collectif, et trouver des solutions systémiques pour faire bouger l’ensemble du secteur ! 

 


[ALLER PLUS LOIN - Qu’est-ce qu’un fonds de dotation actionnaire ?

Le principe d’un fonds de dotation actionnaire est de transmettre, le plus souvent par un don d’une personne physique, les actions d’une entreprise à une fondation ou à un fonds de dotation et de financer des actions d’intérêt général grâce aux dividendes.

Très développées en Europe du Nord, ces fondations (ou structures assimilées) sont un modèle de propriété, de gouvernance et de transmission alternatif au service du bien commun. Ces fondations ou fonds, détiennent tout ou partie des titres d’une entreprise.
Elles remplissent une mission philanthropique, en soutenant des projets d’intérêt général ; et une mission actionnariale, en sanctuarisant une part du capital de l’entreprise qu’elles détiennent.

La création d’un fonds de dotation actionnaire répond à une volonté de son dirigeant de :

  • garantir l’indépendance capitalistique et la pérennité du groupe,
  • maintenir son ancrage territorial et rendre impossible sa délocalisation,
  • préserver les valeurs historiques de l’entreprise et de son fondateur,
  • pérenniser la mission de l’entreprise et les engagements édictés dans une charte d’engagements rédigée par le fondateur.

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Qui est notre partenaire Claire Pétreault des Pépites Vertes?

"L'avenir, ce n'est pas ce qui va nous arriver, c'est ce que nous allons faire".
Claire Pétreault a créé les Pépites Vertes en septembre 2020 à la sortie du confinement en me donnant une mission forte : motiver la nouvelle génération à bosser pour la transition écologique. Aujourd'hui les Pépites, c'est une SASU avec 3 personnes à plein temps qui coordonnent 3 activités : un média digital (45K+ abonnés), une communauté de jeunes salariés de la transition écologique (250 Pépites) et une agence de com (10+ clients parmi la Fondation Good Planet, La Banque Postale, KPMG, l'Ecole Supérieure des Agricultures).

Passionnée par la communication, les médias, le pouvoir des imaginaires, l'innovation à impact, les gens, Angers, l'écriture, les emoji, la danse, et plus que tout : la vie.
Depuis 2017, elle travaille dans l'écosystème de l'impact. Elle est passée par Cocycler, Voxe, le Drenche, la Ruche qui dit Oui et ChangeNOW dont elle a coordonné la communication pendant 3 ans. Elle est également modératrice, conférencière et enseignante à Sciences Po. Elle est membre du Conseil d'Administration du Mouvement Impact France, particulièrement impliquée sur les sujets de communication. 

Vous pouvez découvrir Claire Pétreault sur Linkedin et Instagram.